La photographie de fleurs et d’insectes rassemble des techniques similaires. C’est le vaste monde de macrophotographie (ou de la proxiphotographie) de nature qui peut se pratiquer en toutes saisons et en tous lieux. Découvrez quelques astuces pour plonger le nez dans l’herbe avec votre appareil photo.
Photographier les fleurs et les insectes
1 / Une approche technique
La diversité des fleurs, des végétaux et des insectes offre une variété de formes et de couleurs. Photographier les fleurs et les insectes, voire les deux à la fois relève de la même technique. A la différence de l’insecte, la plante ne s’enfuit pas lorsqu’on l’approche.
Les deux genres vivants passent par plusieurs stades durant leur vie : œuf, larve et imago pour l’insecte, bourgeon, fleur et graine pour la plante… Ce qui amène le photographe à s’intéresser à des détails en fonction des saisons, loupe à la main pour photographier le minuscule et de pratiquer la macrophotographie ou même la microphotographie.
« La proxiphotographie s’interesse à photographier les sujets à proximité, la macrophotographie demande un matériel adapté pour réaliser des grandissements 1/1 et la microphotographie réclame un dispositif spécial pour dépasser ses taux de grossissement. »
Chaque objectif possède son propre rapport de grossissement. Il suffit de faire le point MF (mise au point mannuelle) à la plus courte distance (0,5 m à quelques mètres selon les objectifs) et de s’approcher ou se reculer du sujet pour situer le plan de netteté. Au zoom on choisira la plus grande focale pour obtenir le rapport de grossissement maximal.
Bonnettes et bagues-allonges
Pour s’approcher plus, il vous faidra visser sur la lentille frontale une bonnette (une sorte de loupe de grossissement) ou intercaler entre l’objectif et le boîtier une bague allonge (une sorte de tube creux). Chacun présentant des avantages et des inconvénients les sites traitants du matériel et de la technique vous permettrons de trouver ce qui vous convient le mieux.
Objectif macro
L’objectif macro est l’outil idéal pour flâner le nez dans l’herbe. Il permet d’obtenir un grossissement de 1:1 ce qui veut dire qu’un sujet de 1 mm sera représenté avec une taille de 1 mm sur le capteur.
Pour mettre toutes les chances de son côté on préfèrera certains petits téléobjectifs d’une focale de 100 ou 200 mm pour garder la distance avec l’insecte et pour ne pas le faire envoler trop vite. L’utilisation d’une focale de 100 à 200 mm permet également d’intercaler un avant plan devant le sujet, tandis qu’un 50 ou un 60 mm permettra de travailler plus prêt des fleurs (on parle de focales équivalentes au format 24×36). Avec une grande ouverture à F/2,8, la visée optique sur un reflex reste lumineuse. Le bokeh (flou d’arrière plan) est fortement accentué par le grossissement et par l’utilisation d’une grande ouverture. La plus grande ouverture offre la plus faible profondeur de champ, avec une mise au point parfois difficile à gérer.
Techniquement la macrophotographie, au rapport 1:1, est plus difficile à réaliser à main levée sur le terrain.
« Des objectifs spéciaux sont également disponibles comme le 65 mm Canon MP E autorisant un grossissement x5 ou l’atypique Zhongyi Mitakon 20mm avec un grossissement x 4.5, sans parler du très coûteux 24 mm macro Laowa. »
2 / Une approche naturaliste
La photographie d’insectes est saisonnière dans nos contrées du nord de la france mais les plantes, les champignons et les lichens peuvent se photographier toute l’année.
Si aucune connaissance spéciale d’entomologiste ou de botaniste n’est requise, une recherche plus ciblée nécessite de se documenter sur l’habitat, la période favorable pour l’observation, la répartition et les exigences de l’espèce… Il existe des atlas régionaux ou des bases de données régionales, citons : l’ INPN ou Inventaire National du Patrimoine Naturel ( https://inpn.mnhn.fr. ). Votre région ou votre département peut également éditer des plaquettes pour mettre en avant certains espaces naturels acceuillant des espèces remarquables près de chez vous. Vous trouverez aussi la liste des parcs nationaux ( http://www.parcsnationaux.fr/fr ), parcs régionaux ( https://www.parcs-naturels-regionaux.fr/ ) et des réserves naturelles de France ( https://www.reserves-naturelles.org/ )
En développant vos connaissances sur une espèce vous serez amener à localiser les milieux favorables : forêts, prairies, coteaux ensoleillés… l’exploitation des sites Maps ( https://www.google.fr/maps ) et de Geoportail ( https://www.geoportail.gouv.fr ) vous sera utile avec de nombreux fonds cartographiques (topographie, vues aérienne, géologie…).
La photo de fleurs
Ici tout est imaginable de la photo de pleine nature au studio, du plus petit au plus grand. Certaines espèces se cultivent dans le jardin. Tout n’est pas autorisé pour autant car le prélèvement ou la cueillette de certaines plantes restent interdites au nom d’une protection totale voire locale.
« Même localement abondantes la présence de certaines fleurs ne les éxonèrent pas d’une protection nationale ! »
La photo d’insectes
Le rytme de vie d’un insecte est conditionné à ses besoins vitaux : se chauffer, se nourrir, trouver l’âme soeur, pondre et échapper à un prédateur… Ne vous étonnez pas si le papillon a sa propre distance de fuite ou s’il ne vous attend pas pour passer d’une fleur à l’autre ! C’est « à la fraîche » au réveil que vous surprendrez des insectes encore endormis avec un bel éclairage. Animaux à sang froid, ils ont besoin de la chaleur des rayons du soleil pour réchauffer leur corps et de l’air chaud pour voler plus facilement. En journée, les occupations ne manquent pas. Cependant certains insectes ont leurs habitudes plus casanières : une libellule profitant d’un perchoir régulier pour chasser les insectes, une coccinelle affairée sur une colonie de pucerons…
Le mondes des insectes est fascinant et vous pourrez découvrir les techniques des spécialistes comme Stephen DALTON https://www.stephendalton.co.uk/index.html
Ou Ghislain SIMARD http://www.simpho.com/ , avec une longue vidéo technique mais instructive ici : https://www.youtube.com/watch?v=ztmGOH-AO_M
Ne perdez pas de vue que la capture et la manipulation temporaire peuvent être traumatisantes (ailes abîmées etc.) ou interdites. On peut bien sur trouver une mante religieuse docile ou attirer les papillons de nuit avec un drap blanc et une lampe. Evitez le déplacement d’animaux et gardez un esprit naturaliste. Prenez plaisir à découvrir certains insectes et leurs plantes hôtes. Sachez profiter de l’émergence de la libellule avec l’exuvie ou la chrysalide du papillon… Même si cela prend du temps et même si les conditions de réussites sont parfois minces pour obtenir la belle image.
3 / Une approche esthétique
En pleine nature
En pleine nature, les plus beaux flous sont obtenus en se mettant au ras du sol. Vous serez souvent contraint de vous allonger et de travailler au ras des paquerettes. L’utilisation d’un petit trépied (ou d’un trépied à colonne courte permettant ce genre de point de vue) est appréciable. Le rail macro se fixe sur la rotule et il permet d’avancer ou de reculer facilement l’appareil et son objectif pour les plus forts grossissements. Le « bean bag » (sac de haricots) permet de caler rapidement son appareil pour trouver des angles de vues rasants. L’appareil équipé d’un éran orientable peut s’avérer pratique.
Pour votre confort personnel vous pouvez utiliser un tapis de sol. Mais… Faîtes attention avant de vous allonger de ne pas écraser d’autres plantes fragiles ou protégées.
« Remettez de l’ordre dans les herbes aplaties avant votre départ, cela limite les traces de votre passage et reste plus agréable pour les autres ! «
Lors de la prise de vue, il y a presque toujours des détails gênants en avant ou en arrière plan. Améliorer l’image à la retouche peut être fastidieux ou compliqué. Enlever une brindille superflue est concevable (même si les « puristes » s’en offusqueront). Mais restez raisonnables et respectueux dans ce nettoyage en règle du décor !
Avec la faible profondeur de champ, affinez votre mise au point en ciblant la partie de la plante à mettre en évidence. On privilégiera par exemple le devant du lobe d’une orchidée ou le pistil ou l’étamine d’une fleur.
Attachez vous à montrer l’esthétisme de la plante, un instant de sa vie. Cherchez la bonne lumière, en tirant parti d’un contre-jour (ou d’un semi contre-jour) pour mettre en valeur la pilosité d’une tige ou la transparence d’une feuille.
En macro photographie d’insecte, il est difficile de trouver le plan de netteté. L’opération se corse avec le vent qui fait bouger les tiges des plantes sur laquelle est posé l’insecte. Il est parfois possible (mais toujours compliqué) d’installer des paravents avec des piquets. Les bricolages et les « bidouillages » sont nombreux au pays de la macro.
« Si vous voulez du naturel, levez vous de bonne heure le matin, un jour sans vent ! »
Flash, lumière naturelle, diffuseur et réflecteur ?
Les systèmes flash sont nombreux en partant du flash intégré, du flash crobra, du système flash créatif sans cordon et du flash annulaire. L’exposition TTL permet un dosage efficace de la lumière avec le contrôle du fill-in (équilibrage de la lumière ambiance et du flash). Mais l’effet est peu naturel dans la nature, les brillances sont difficiles à gérer. Il peut être utile de diffuser la lumière du flash et il existe un grand nombre d’accessoires (vendus dans le commerce ou bricolés) pour cet usage.
Plus ludique, plus facile à utiliser et moins onéreux, le réflecteur (blanc, argenté ou doré) se découpe et se fabrique avec du carton ou du papier d’aluminium. Placé à l’opposé de la lumière principale, il renverra une partie de la lumière sur le sujet en débouchant utilement les ombres.
Si la lumière est naturellement diffusée par les nuages, en cas de fort soleil placer un morceau de matériau semi-translucide entre le soleil (ou le flash) et le sujet permet d’adoucir les ombres et les reflets s’en trouvent atténués.
« Les réflecteurs et les diffuseurs sont les accessoires favoris des photographes de studio. Sur le terrain optez pour des solutions simples et adaptées, faciles à mettre en oeuvre et de taille réduite. »
Assurer la netteté à tout prix
La macrophotographie exige une maîtrise parfaite de la netteté. Avec une profondeur de champ souvent réduite du fait du grossissement, le plan de mise au point doit se situer précisémment sur l’oeil de l’insecte ou la partie végétale à mettre en valeur. D’autre part, le risque de flou de bougé ‘ou de mouvement augmente. Avec nos boîtiers modernes, il n’est pas idiot de monter les ISOs pour obtenir une vitesse d’obturation confortable et de déclencher avec une cadence rafale élevée pour assurer le coup. A vos de faire le tri et d’examiner les photos une à une sur l’écran de votre ordinateur.
Le point sur la rosée
La rosée naturelle est parfois recherchée. Le point de rosée peut-être calculé. Vous pouvez consulter le site https://www.meteociel.fr/ qui donne l’information du point de rosée et bien d’autres renseignements en temps réel.
« Banissez l’utilisation du vaporisateur qui donne des gouttes peu naturelles et dont l’utilisation est particulièrement néfastes pour les plantes en pleine journée et en plein soleil. »
En studio
La photo de studio s’intéressera à montrer un aspect botanique esthétique particulier, souvent épuré avec un éclairage soigné et un fond uni. La création de lumière peut être assurée à l’aide de systèmes de flashes créatifs sans fil.
Le focus stacking
Le focus stacking est une technique d’empilement d’image capable d’accroître artificiellement la profondeur de champ. La fonction est parfois intégrée au boîtier. La réalisation d’un focus stacking avec plusieurs dizaines d’image (ou même la centaine) suppose que le sujet soit complètement immobile, le plus souvent un animal (trouvé) mort.
« Aussi impressionnante qu’elle soit, la technique ne justifie pas qu’on se rendre coupables de meurtres organisés. »
Timelaps
Autre technique spectaculaire, le timelaps consiste à assembler une série d’images, prises à l’aide d’un intervallomètre, sous la forme d’une vidéo accélérée. On peut ainsi montrer une séquence montrant l’éclosion d’une fleur, la naissance d’un papillon ou l’émergence d’un champignon…
Des objectifs pour le fun
A la recherche d’originalité, de bokeh à couper le souffle… certains photographes détournent d’anciens objectifs datant de l’argentique à un usage de proxi ou de macrophotographie. D’autres utilisent des objectifs anamorphiques destinés à l’image cinématographique. N’oubliez pas que la photographie d’insectes ou de plantes ne passe pas forcément par le gros plan. Les ambiances, les tons, la texture sont des éléments aussi importants que la composition. A vous de trouver votre style entre la photo documentaire et biologique, les flous et les couleurs.