La photo de reptiles et de batraciens

Fév 16, 2021/ StephanePhotographe/ in: Photo nature/ with Comments are off for this post

La photographie de reptiles et d’amphibiens, dans leur milieu naturel, est peu prisée des photographes animaliers. Si les grenouilles se prêtent à quelques images artistiques, les reptiles sont pour la plupart d’entre nous invisibles et inconnus, surtout dans le nord de la France. Entre milieu sec et milieu aquatique l’aventure photographique est aussi complexe que variée. Voici un tour d’horizon du sujet.


Photographier les reptiles et les amphibiens

On peut dire que les reptiles et les amphibiens (autrefois appelés « batraciens ») sont les « mal aimés » de la photographie animalière, à de rares exceptions près. Ce sont des animaux à sang froid que l’on rencontre, dans la nature, de la fin de l’hiver à l’automne (au moins au nord de la Loire).

photographier les reptiles et les amphibiens

Photographier les reptiles

La famille des reptiles regroupe une variétés d’espèces avec les lézards, les tortues et les serpents, pour nos contrées. La méconnaissance des reptiles est souvent à l’origine de fausses idées et de peurs irraisonnées. C’est le cas des serpents dont seulement certaines espèces sont venimeuses en France continentale.

Voir et photographier des spécimens de reptiles dans la nature est un exercice difficile. Il vous faudra arpenter les milieux secs et caillouteux, là où ils aiment prendre un bain de soleil ou les marécages pour certaines couleuvres.  Observez les avec des jumelles car leur mimétisme et leur immobilité les rend difficiles à trouver. Pour autant, fuyez la canicule et sortez par un matin ensoleillé de printemps. Rentrer dans l’intimité des serpents suppose une longue approche et de la persévérance. On les voient le plus souvent s’enfuir devant nous. Ils ont une excellente vue et ils sont sensibles aux vibrations du sol.

La capture des animaux n’est pas bienvenue et cette pratique est bannie dans certains concours de photographie naturaliste. Cette pratique ne peut s’exercer sans connaissance préalable, un matériel adapté ou au mépris de la legislation en vigueur. Si l’observation ou le rescencement d’espèces sauvages vous intéresse, rapprochez-vous d’associations locales d’étude et de protection de la nature. Vous pourrez participer à un travail documentaire et pédagogique en observant des spécimens de très près.

Documentez-vous sour les comportements et habitudes des espèces que vous voulez obsever. Savez-vous que la couleuvre verte et et jaune est une excellente grimpeuse capable s’enfuir dans un arbrisseau, d’y chasser ou d’y dormir ? Que la couleuvre à collier nage avec aisance et qu’elle vit à proximité de l’eau ?…

Si les lézards s’observent pendant la chasse ou lorsqu’ils sont occupés à défendre leur territoire. Leurs déplacements sont rapides. Le bain de soleil est un moment à privilégier pour la prise de vues.

L’orvet fragile se dissimule dans la végétation du sol et il rarement visible à découvert.

D’allure plus tranquille la tortue terrestre se laisse plus facilement photographier. La cistude (tortue aquatique) aime se chauffer sur un promontoire au dessus de l’eau et elle saute, ou plutôt se laisse tomber, dans l’étang à la moindre alerte.

Question matériel, petit téléobjectif d’une focale d’au moins 200 à 300 mm (équivalent 24×36) sera utile.  Préparer votre matériel à distance avant de tenter une approche.

Photographier les amphibiens

Autrefois appelés les batraciens les amphibiens comptent deux genres d’animaux. Les anoures sont des animaux dépourvus de queue à l’âge adulte, ce sont les crapauds et les grenouilles. Les urodèles sont pourvus d’une queue à l’âge adulte, ce sont les tritons et les salamandres. L’amphibien a besoin d’eau ou d’humidité, au moins temporairement, pour vivre et se reproduire. Son développement passe par l’œuf (ou la viviparité), la larve et plusieurs phases conduisant au stade adulte. Tout le monde connaît le cycle du développement du têtard. Les amphibiens se sont développés au fil du temps avec de surprenantes capacités d’adaptation. Les mœurs des amphibiens sont principalement nocturnes, même si la grenouille verte aime coasser et se montrer en pleine journée. C’est souvent à la lampe torche et à la tombée de la nuit qu’on observera les anoures gagner la mare ou l’étang tout proche là où ils sont nés. A partir de fin février de nombreux crapauds et grenouilles périssent en traversant la route qui les mènent à leur lieu de reproduction. Certaines routes forestières sont fermées à la circulation durant cette période, dans un but de préservation.

La salamandre sort volontiers après une petite pluie ou un orage et les tritons vivent cachés dans les herbiers des mares.

Faut-il utiliser un flash ?

Si l’exposition au flash a été simplifiée en mode TTL, il reste difficile d’appréhender les reflets sur la peau brillante des grenouilles. Diffuser et déporter le flash est une bonne solution. Il reste à faire correctement la mise au point à l’aide d’une lampe. Les éclairages à leds sont indispensables à la vidéo et il est possible de s’en servir pour la prise de vues photo, avec une montée en ISO peu bruitée des derniers modèles d’appareils photo numériques. De toutes manières on veillera à limiter le temps d’intervention et de prise de vue pour laisser les animaux vaquer à leurs occupations.

Même s’il s’agit d’animaux peu farouches qui se laissent attraper à mains nues ou à l’épuisette, la capture et la manipulation temporaire est soumise à la réglementation en vigueur. Le photographe qui souhaite aménager un studio dans le fond de son garage avec un aquarium ou une flaque artificielle doit s’assurer de disposer des autorisations de transport (espèces protégées ou relevant de l’activité de pêche) et d’être capable de relâcher l’animal au plus tôt là où il l’a capturé. Certaines images documentaires ont été obtenues dans ces conditions sans nuire à la survie ou à la reproduction de l’espèce concernée. Sachez que chaque espèce montre une attitude différente face au danger. Il ne s’agit nullement d’encourager les techniques de capture ou de manipulation pour le débutant herpétologue.

L’heureux propriétaire d’un jardin pourra aménager un petit bassin pour y faire reproduire naturellement des espèces locales, les observer et tenter de les photographier.

Trouver des amphibiens suppose de trouver les zones humides de votre région.Google maps ( https://www.google.fr/maps ) ou Géoportail ( https://www.geoportail.gouv.fr/ ) peut s’avérer utiles pour cartographier les sablières, les gravières, les mares et étangs. Il peut être également souhaitable de consulter un atlas régional ou le site de l’INPNhttps://inpn.mnhn.fr/ ) pour découvrir le statut d’une espèce. Vous découvrirez, par exemple, que le crapaud sonneur à ventre jaune est plus commun dans l’est de la France et qu’il fréquente les ornières forestières.

Si la prise de vue en pleine nature des amphibiens reste difficile, l’appareil photo numérique facilite grandement la tâche. Le grand angle ou le petit télé (jusqu’à 200mm) sont utilisés.

« Vous trouverez plein d’astuces pour déclencher votre appareil à distance, semi immergé dans un bac en verre ou sous l’eau avec un caisson adapté ou une « GoPro ». Vous pouvez aussi vous allonger ou patauger au bord de la mare.« 

S’introduire dans l’eau avec des waders (tenue de pêcheur) n’est pas sans conséquence pour le milieu. A l’époque de la reproduction, certaines pontes sont visibles (amas d’œufs flottants), d’autres sont invisibles (cordons d’œufs ou œufs accrochés aux plantes aquatiques submergées). Ne saccagez pas tout à votre passage sous prétexte de faire de belles photos. Certains photographes s’immergeant pour pratiquer la photo subaquatique n’explorent qu’une seule mare par an pour limiter la propagation de bactéries…

« Pratiquez toujours une photographie naturaliste responsable en limitant votre impact sur le milieu naturel »

Je n’aborde ici que la prise de vues de reptiles ou d’amphibiens sauvages rencontrés en France et en pleine nature.

Poursuivez votre découverte en regardant les photographies de Matthieu Berroneau http://www.matthieu-berroneau.fr/ qui propose une belle collection de photos d’amphibiens.

Celles de Christophe Salin http://christophesalin.com/ avec des batraciens d’Europe réalisées sous l’eau et des reptiles.

Puisque nous sommes la tête sous l’eau, je ne manquerai pas de citer Michel Loup https://www.michelloup.com/ pour ses photos de poissons d’eau douce, avec quelques batraciens.

Mais aussi Rémi Masson https://www.remimasson.com/ avec un travail sur le crapaud commun.

Avec « Image rivière » http://image-riviere.com/ Yannick Gouguenheim présente une belle série sur les tritons.

Les photographes de reptiles et plus particulièrement de serpents sont souvent connus pour leurs images réalisées à travers le monde.

Les photographes Franck Deschandol et Philippe Sabine ont photographié de nombreux reptiles sur les différents continents : https://frank-deschandol.com/

Le photographe Paul Starosta a fait de la photo de reptiles en studio sur fond noir une de ses spécialité : https://www.paulstarosta.com/

Le voyage au cœur des reptiles et des amphibiens ne fait que commencer mais peut être en serez-vous mordu ou en ferez vous votre spécialité.